Cap à l’ouest dans la série « Paroles de Guides ». C’est au tour de

Frédéric LE DU, moniteur guide de pêche du SMGPF en Bretagne

qui exerce en Finistère sud, de s’être prêté au jeu de nos questions.
Ce qui caractérise Frédéric, c’est sa passion pour la nature et sa volonté de transmettre à ses stagiaires une autre vision de la pêche. Installé dans le Finistère, il anime son entreprise “L’Ecole Buissonnière 29” sur tous les milieux naturels de sa région.

Julien GIRAUD-RAUCH moniteur guide de l'Ecole Française de Pêche à Arcachon en Gironde

Bonjour Frédéric. Pour démarrer cette interview, parle-nous de toi. Quel a été ton parcours avant de créer ta structure?

Bonjour à vous tous.
J’aime souvent à dire que mon parcours a été aussi sinueux que les rivières de Bretagne. Avec la certitude cependant qu’un jour il me faudrait arriver jusqu’à la mer. C’est aujourd’hui chose faites!

J’ai d’abord suivi un cursus post bac orienté dans la gestion des espaces naturels.
A la suite de cela, j’ai exercé quelques temps en tant que garde chasse particulier, puis animateur de chantiers d’insertion.

“Rien de tel, à mon sens, que l’immersion dans la nature pour la faire connaître, l’apprécier et au final, la protéger. Comment pourrions-nous bien protéger, ce que nous ne connaissons pas?”

Tu as donc créé « L’école buissonnière 29 ». Concrètement, quelles sont tes activités ?

En fait, j’ai une double casquette.
La première est celle de Moniteur guide de pêche. J’exerce sur le domaine maritime depuis l’archipel des Glénan, mais aussi sur l’eau douce, sur les rivières (Isole, Aven, Ster goz).
La seconde, celle d’animateur pour la découverte de l’environnement.

Concrètement, je propose des prestations sur différentes techniques de pêche (Truite au toc, leurres, carnassiers en eaux douces, bord de mer et bateau) d’avril à octobre.
Parallèlement, j’anime aussi toute au long de l’année, des séances de découverte de l’environnement et des ateliers de bricolages nature.

Quelle est ta clientèle type. En cibles-tu une en particulier ?

Si les activités nature sont plus prisées par les scolaires, j’accueille tous les types de publics sur mes différentes prestations. Du débutant n’ayant jamais touché une canne, à l’acharné de pêche comme moi…

Je ne vises pas de catégorie particulière. Je veux préserver la diversité.

Mon plus grand sourire, je l’arbore aujourd’hui quand je vois régulièrement de petites étoiles naître au fond des yeux de certains.

Que pense-tu apporter au regard des activités que tu proposes concernant l’aspect environnemental et préservation des milieux naturels ?

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai découvert la Nature par le biais de la pêche. En passant du temps, beaucoup de temps au bord de l’eau. En apprenant à me faire discret et à observer. J’ai découvert les animaux dans leurs milieux naturels et certaines images restent encore fortement gravées dans ma mémoire.
Ce sont ces expériences qui m’ont guidées dans mon parcours scolaire et professionnel.

Aujourd’hui j’essaye de partager cette “méthodologie”. Rien de tel, à mon sens, que l’immersion dans la nature pour la faire connaître, l’apprécier et au final la protéger.
Comment pourrions-nous bien protéger, ce que nous ne connaissons pas?

Nous savons aujourd’hui que nos activités ont un impact sur l’environnement. Négatif, bien souvent (pollutions, impact sur les populations animales,…) mais aussi positif, dans bien des cas !

Mon “rôle” en tant que guide de pêche et animateur pour la découverte de l’environnement, est d’enseigner aux “bonnes pratiques” et de montrer comment limiter ou réparer les “mauvaises”.

Si nous prenons l’exemple de la pêche en mer. J’enseigne à mes stagiaires que l’on ne doit pas simplement se contenter d’appliquer la réglementation en terme de tailles de capture ou de nombre de prises. Il est bien de prendre les devants et de s’imposer des restrictions supplémentaires comme par exemple, la double maille pour le Bar, ou des tailles de captures plus conséquentes pour certaines autres espèces (Lieu, Dorade, etc.).

Pour le pêcheur, il ne s’agit plus d’effectuer une “cueillette” mais bien d’adapter son activité en devenant une sentinelle, la plus “éco-responsable” possible!

A l’heure d’une consommation effrénée dans un monde ou tout va très vite, il me plait à rappeler qu’ici, nous pouvons nous affranchir des diktats et pendre notre temps. Nous pouvons au travers de notre activité, établir un échange équitable avec la nature, en laissant la course au rendement de côté!
Un bon retour aux sources!

Pêche Arcachon avec Julien GIRAUD-RAUCH membre du SMGPF

“j’aime souvent à dire que mon parcours a été aussi sinueux que mes rivières de Bretagne”

Parles-nous des bénéfices pour tes clients ou stagiaires. Que leur permets-tu d’acquérir grâce à tes services ?

Faire appel à un moniteur guide de pêche est encore loin d’être un réflexe en France. Pourtant, pour faire un parallèle, peu de débutants se lancent sur des skis ou autre sans prendre une ou deux leçons.

Les bénéfices sont multiples et dépendent de la demande initiale et du profil du stagiaire.
Cela va de l’apprentissage de la gestuelle, du maniement du matériel, la compréhension des milieux ou l’on évolue, les stratégies de pêche…

La découverte de nouveaux coins de pêche est un point souvent apprécié des stagiaires vacanciers, sortir avec un guide permet de découvrir en début de séjour des bons coins de pêche et de pouvoir profiter pleinement de son séjour par la suite!

Revenons à toi. Qu’est-ce qui t’a amené à te lancer dans cette aventure entrepreneuriale ?

Après plusieurs années de salariat dans des domaines que j’apprécie pourtant énormément (cynégétique, travaux en espaces naturels), je me suis vite rendu compte que je ne pourrais pas exécuter des missions qui allaient à l’encontre de mon éthique ou de suivre des directives d’une hiérarchie si elles étaient à mon sens, néfastes pour nos activités.

Devant ce constat, la seule voie était pour moi de monter ma propre structure!

Le Syndicat des moniteurs Guides de Pêche Française et l'Ecole de Pêche Française

Explique-nous en quoi rejoindre une organisation professionnelle comme le SMGPF et l’École de Pêche Française est important pour toi et tes clients.

Bien qu’exerçant en tant qu’indépendant, nous ne devons pas travailler de manière isolée!

Le syndicat nous offre un soutient et une représentation globale. Il effectue une certaine veille réglementaire qui nous permet, à nous autres moniteurs guides, de nous concentrer au maximum sur notre travail de terrain.

Les stagiaires qui font appel aux services de guides affiliés à une organisation telle que L’École de Pêche Française ont l’assurance de recourir à des professionnels diplômés et compétents. C’est non seulement un gage de qualité mais aussi de sécurité!

En conclusion de cette interview, « être moniteur guide de pêche », cela veut dire quoi pour toi ?

A mon sens, exercer aujourd’hui ce métier c’est pour moi avoir réussi à atteindre la Mer!

En effet je peux dorénavant guider mes stagiaires au bord de l’eau, les voire progresser, prendre du poisson, mais surtout du plaisir.

La pêche a toujours été pour moi une “excuse” à la découverte de la Nature. Mon plus grand sourire, je l’arbore aujourd’hui quand je vois régulièrement de petites étoiles naître au fond des yeux de certains.

Ça y est , ils sont piqués ! Ils la respecteront notre Nature!

Merci beaucoup Frédéric !